Nous, organisations féministes et alliées du monde entier, appelons à une grève mondiale des femmes le 8 mars 2020. Nous demandons aux féministes et à leurs alliées de cesser de travailler ce jour-là, reconnaissant ainsi le droit au travail enraciné dans la Journée internationale de la femme, et montrant ainsi au monde entier que lorsque les femmes s’arrêtent, le monde s’arrête.
Pourquoi avons-nous besoin de cela?
Parce que l’inégalité a augmenté alors que la richesse s’est accrue.[1] Parce que cette richesse a été en grande partie créée par des femmes qui ne peuvent pas en bénéficier. Nous vivons dans un ordre économique qui exploite les femmes et profite du travail de soins gratuit ou peu rémunéré que nous effectuons, des bas salaires et des conditions de travail assouplies.
Parce que la cupidité des entreprises de combustibles fossiles a détruit l’environnement et que les effets du changement climatique sont également ressentis plus profondément par les femmes. Nous sommes plus susceptibles d’être déplacées,[2] nous devons aller plus loin pour recueillir de l’eau et nous souffrons des impacts sur la santé de la salinité accrue provoquée par l’élévation du niveau de la mer.[3]
Parce que partout dans le monde, les femmes continuent à faire plus de travaux domestiques et de soins et que ce travail est toujours sous-évalué et non inclus dans le calcul des PIB nationaux, même si l’économie ne fonctionnerait pas sans cela. en Asie-Pacifique, les femmes effectuent 4 fois plus de travail de soins non rémunéré que les hommes, plus que le reste du monde. L’écart de rémunération entre hommes et femmes est stagnant dans de nombreux pays et, pour certains, en réalité, il augmente.
En 2020, alors que nous célébrons le vingt-cinquième anniversaire des engagements pris en faveur des droits des femmes lors de la quatrième Conférence mondiale des femmes de 1995, connue sous le nom de Programme d’action de Beijing,[4] il est temps que nous nous rassemblions, entre générations, entre mouvements différents, pour nous montrer solidaire les unes des autres et immobiliser le monde.
Nous estimons que nos demandes sont des demandes communes à travers le monde:
- Un travail et des salaires décents pour toutes
- Mettre fin à la violence sexospécifique
- Un accès juste aux ressources
- La souveraineté alimentaire pour tous
Au cours de l’histoire, les grèves ont
été un moyen de mobiliser le pouvoir des mouvements pour faire changer les
choses. La Journée internationale de la femme n’est pas une campagne de
marketing destinée à inciter les femmes à se sentir belles: c’est une journée où
les femmes se sont levées et ont protesté, une journée où elles ont revendiqué
leurs droits et mis leur vie en danger pour ces droits. Honorons cette histoire
et ravivons ce pouvoir.
[1] “Les 1% d’individus les plus riches dans le monde ont capté deux fois plus de croissance que les 50% les plus pauvres depuis 1980”
Rapport sur les inégalités mondiales 2018. https://wir2018.wid.world/files/download/wir2018-summary-french.pdf
[2] “80% des personnes déplacées par le changement climatique sont des femmes” Halton, Mark. BBC (2018) Climate change ‘impacts women more than men’ (Le changement climatique a un impact plus élevé sur les femmes que sur les hommes). https://www.bbc.com/news/science-environment-43294221
[3] “Beaucoup d’argent est investi dans les interventions relatives au changement climatique, […] mais presque rien ne va dans la recherche - en tout cas pas pour l’impact sur la santé publique. Tout le monde pense aux catastrophes environnementales. Personne ne pense à la santé publique..”
BBC (2018) How climate change could be causing miscarriages in Bangladesh (Comment le changement climatique pourrait causer des fausses couches au Bangladesh) https://www.bbc.com/news/world-asia-45715550
[4] Quatrième conférence mondiale sur les femmes http://www.un.org/womenwatch/daw/beijing/platform/